jeudi 19 mars 2009

COCO CANCOILLOTTE



Vous situez sans hésitation l'Alsace sur la carte de France ? Vous avez appris en cours de géographie que les Vosges et le Jura font partie des plus grands massifs français ? Vous roulez en Peugeot ? Mais que savez-vous de la Franche-Comté ? Pourtant, au milieu de la choucroute alsacienne, de la moutarde de Dijon, des chômeurs de Moselle et des grosses fortunes Suisses, trône la Franche-Comté. Région la plus boisée de France, elle se cache timidement derrière ses forêts de chênes pleines de charmes.

Pourquoi cet article me direz-vous ? Pourquoi pas vous répondrais-je ! Il paraît que 20 millions de Français ont été émus par Bienvenue chez les Ch’tis … 20 millions ? Le lobby du Nord ne m’impressionne point alors je riposte en publiant cet article qui aurait pu s’intituler ‘ien ‘oir les Frainc-Comtou ! 20 millions ? Il y a des mystères qui ne s’expliquent pas. Pour ma part, j’espère au moins faire sourire 20 lecteurs en peignant le portrait de la région Est.

Gênes identifiés 47° 33' 05' Nord, 6° 26' 02' Est, je suis immatriculée 70, programmée pour manger de la patate et du fromage au lait cru à tous les repas. Première génération née en dehors des frontières Haute-Saônoises, mes sœurs et moi sommes pur-sang de parents pur-souche, ce qui nous donne un pur style. Nous ne représentons pas à nous trois un cas isolé, à l'origine de cette lignée, nos aïeules ont été productives et nous ne comptons pas moins de huit cousines dans la fleur de l'âge. Est-ce la consommation de cancoillotte dès le plus jeune âge qui a fait germer ces jeunes pousses à la cuisse ferme, aux yeux vifs et aux cheveux brillants ? L'explication est peut-être ailleurs mais les faits sont indéniables : nos mères ont rivalisé de perfection pour donner naissance à d'aussi beaux spécimens.

Les Haut-Saônois ne sont pas en reste. Ils font partie de cette catégorie d'hommes virils à jamais perdue dans nos mégapoles (sur)urbanisées. Ils ont la culture du travail physique, pas toujours par choix et même souvent par nécessité. C'est pourquoi je tiens à rendre hommage à mes oncles qui ont tous bâtis leurs maisons immenses à la sueur de leurs fronts. Cependant, après de longues années sacrifiées à faire tourner la bétonnière, ils ne laissent jamais tomber la truelle, devenue prolongement naturel de leur bras droit. Le dur labeur déshydrate mais les Franc-comtois ne se laissent jamais mourir de soif, j’ai même tendance à penser qu’à l’instar des camélidés, ils ont développé au niveau de la ceinture abdominale, une sorte de réserve de liquide dans laquelle ils puisent leur énergie. Outre le passage de la bosse du dos vers le ventre, l’autre différence avec le chameau est que ce dernier peut se passer de boire pendant 7 jours…mais comme on dit là-bas : "L'Arbois, plus on en boit, plus on va droit".

Cette belle région est accueillante mais elle se mérite. Les parisiens doivent s’armer de patience et parcourir les 300 premiers kilomètres d’autoroute au bout desquels se dressent les fortifications de la citadelle de Langres… Cette étape mérite un aparté. Ceux qui connaissent la route savent qu’il ne faut pas s’y arrêter. Langres, c’est comme les grandes steppes de Mongolie mais en moche, l’hiver y est l’unique saison, la visibilité y est quasi nulle en raison d’un épais et mystérieux brouillard qui, malgré les rafales de vent permanentes, pèse de tout son poids sur ce haut plateau. Lorsqu’enfin vous arrivez à vous extraire de ces terres hostiles, il faut encore compter une bonne centaine de kilomètres en lacets pour atteindre la fin du périple.

Le bout du chemin, c'est la terre des ancêtres, le pays du soleil levant. Les hivers y sont rudes mais on s'y sent bien. Pour certains c'est ailleurs, pour moi c'est là-bas et certains signes ne trompent pas. Si les boussoles indiquent le Nord, mon aiguille interne pointe vers un autre cardinal : née en banlieue Est, je vis à Paris Est dans un appartement orienté plein Est. L'Amour, comme le magnétisme est un phénomène physique, par lequel se manifestent des forces attractives ou répulsives d'une personne vers une autre. Ces forces peuvent être produites par des aimants. Ce fut une surprise mais ce n'est certainement pas un hasard alors si mon aimant à moi vient de là-bas.

Il faut cependant se méfier de l’eau qui dort et des oiseaux qui chantent, car il y a peu de rose dans ces prairies vertes. Vu du ciel, l’Est est situé à droite et d’un point de vue électoral cela s’en ressent. Permettez-moi cette allégorie « mal à droite » pour illustrer le fond de ma pensée mais Jean-Marie est à la Haute-Saône ce que la mouche à merde est au cul d’une vache comtoise, un parasite qui fait partie du paysage. Les tendances politiques dans notre pays, comme les boussoles, semblent être soumises aux lois physiques du magnétisme. Ainsi, la France, de l'ouest à l'est, est écartelée par les extrêmes. Je me dis que face à la logique de la science, aucune campagne électorale ne fait foi...

Le comble de la littérature est de s'en remettre à la science pour exprimer des sentiments. A moins que ce ne soit de la pudeur mal placée. A méditer. A chacun ses madeleines de Proust, les miennes sont les patates de mémère Lulu. A chacun ses souvenirs d'enfance, les miens sont dans les chansons de la Mémé. A chacun ses conneries de gamin, les nôtres sont dans le poulailler de pépère Julo. A chacun ses frayeurs de môme, les nôtres sont dans le grenier de mémère Suzanne. A chacun ses bisous qui claquent fort, ceux là sont ceux de mémère Monique.

Je dédie cet article à mes grands-parents, mes parents, mes soeurs, mon futur mari, mes oncles et tantes, mes cousins et cousines...et Dieu sait qu'il y en a !

Allez, Arwar ! La p'tite de la Lulu

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jeudi 5 mars 2009

COCO ULTRA

Dimanche, jour saint, la bouche du métro déverse son flot de pèlerins rouges et bleus. La foule converge d'un pas assuré vers le temple sacré du football. Les regards sont solennels, la tension est palpable, les paroles se font rares et au loin, le grondement sourd et mystique des tambours émanant des travées du parc des princes lance un ultime appel à la prière. Les 40000 fidèles prennent place dans les tribunes et entament leur psalmodie.

Notre club qui es au sommet de la L1,
que ton nom soit sanctifié,
que ta passe soit millimétrée,
que ton dribble soit chaloupé,
que ton règne vienne,
que la ligue des champions soit au bout de la saison.
Donne-nous aujourd'hui notre victoire de ce jour.
Pardonne-nous nos sifflets,
comme nous te pardonnons aussi tout ces tirs non cadrés.
Et ne nous soumets pas à la pression,
mais délivre nous de la relégation.
Enculé !

Partout, des cierges rouges illuminent puis enfument les tribunes. Au fur et à mesure que la fumée se dissipe, elle laisse apparaître les 11 disciples tous de shorts vêtus, muscles saillants et torses bombés, foulant la pelouse fertile du stade. Le ton solennel laisse alors place à des scènes de liesses exacerbant les chants des supporters tandis que le mégaphone sur pattes exhorte la foule à s'égosiller encore plus fort. ICI C'EST PARIS ! Est-il besoin de le rappeler ? Oui, il est besoin, car à chaque match, des belligérants aux croyances douteuses investissent la tribune visiteurs et provoquent les fidèles parisiens en brandissant leurs étendards aux couleurs criardes.

De tout temps, les croyances ont engendré des guerres cruelles et sans merci. Les manuels d'histoire annoncent la fin de ces conflits en France en 1787... l'Equipe continue pourtant encore aujourd'hui à relater les conflits qui opposent le nord au sud, le bleu marine au bleu ciel, les princes aux cyclistes, les St-Germains aux Olympiens. La guerre froide fait rage, et les fidèles parisiens tentent d'exorciser non sans courtoisie les impies marseillais sous l'emprise du Malin en prononçant les paroles dictées par le Divin : "Canebiera madre fornicare".

La ferveur communicative envahit les kops et les virages jusqu'à la 45ème minute où vient le moment de la communion. L'homme sandwich prend alors les barquettes de frites ; et, après avoir rendu grâces, les donne aux supporters, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prend ensuite les packs de 1664 ; et, après avoir rendu grâces, il leur donne, en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance.

Au retour des vestiaires, et selon le résultat au tableau d'affichage, la tension fluctue. Après avoir entendu les sages paroles du prophète Le Guen, les disciples reviennent plus déterminés que jamais et se donnent jusqu'au bout de leurs forces poussés par les chants des supporters. Lorsqu'au coup de sifflet final, le PSG s'impose, la foule laisse exploser sa joie, l'exaltation est intense et envahit le cœur de chacun. Hommes et femmes, mineurs et majeurs, chômeurs dynamiques et cadres en fin de droit, bobeaufs et racailles, alcooliques repentis et fumeurs de gitanes, seuls ou en meute, Auteuil et Boulogne, policiers ripoux et délinquants honnêtes, qu'elle soit bonne ou mauvaise, les supporters ont la foi, l'essentiel est là.

Alléluia !


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