lundi 20 avril 2009

COCO OUTAN

Dans son édition du 16 avril 2009, Le Monde nous informe : Les pêcheurs du Nord se fâchent, les petits actionnaires sont en colère, les citoyens indiens votent sans trop savoir, les étudiants chinois achètent leurs diplômes et le président américain veut casser la baraque. Je me serais arrêtée à cette triste une si un petit encadré vert ne s’était glissé entre toutes ces nouvelles grises. Vert comme la nature, vert comme l’espoir, vert comme les forêts indonésiennes dans lesquelles vivent les Orangs-outans que l’on pensait tout prêts de disparaître.

Mais voilà, une ONG américaine a découvert plusieurs centaines, voir plusieurs milliers d’Orangs-outans sur l’île de Bornéo. Ne serait-ce que parce qu'il s'agit de l'unique bonne nouvelle de la journée, elle mérite d'être répandue. Ceci est un message d'espoir mes frères humains, nos frères outans s'accrochent à leurs branches pour ne pas disparaître. Du haut de leurs arbres, ils contemplent, tels de vieux sages, le triste spectacle de la déforestation qui s'offre à eux.

J'ai ressenti une grande émotion en lisant ces quelques lignes car j'éprouve un attachement tout particulier envers ces grands singes. Peut-être parce que bien que cette espèce ait commencé à diverger d'avec les lignées humaines il y a 25 millions d'années, elle n'en demeure pas moins la plus proche de l'homme d'un point de vue génétique et de la femme que je suis d'un point de vue capillaire. Beaucoup sont troublés par les similitudes que nous partageons avec cette espèce. Je suis pour ma part fascinée par le regard de cet animal au travers duquel se reflète toute son intelligence.

La plus grande marque d'intelligence dont ont d'ailleurs fait preuve les Orangs-outans remonte peut-être à 25 millions d'années en serrant la main à leur cousins humains et en leur disant : "Nous nous arrêtons là sur le chemin de l'évolution, nous avons tout ce dont nous avons besoin." Après quelques milliers d'années de réflexion, l'humain a répondu : "Bonne continuation mes frères, c'est ici que se séparent nos chemins, nous voulons voir ce qu'il y a plus loin..." D'aucuns prétendent que Dieu a créé l'homme à son image, d'autres se sentent libres de penser que l'homme créa Dieu pour lui pardonner les offenses qu'il n'a pu s'empêcher de commettre à partir de cet instant.

Pendant 25 millions d'années, l'Homme de la forêt au regard si profond s'est assis sur sa branche et a contemplé le monde. L'homme qui en voulait plus a continué d'avancer tête baissée pour voir jusqu'où il pourrait étendre sa domination.

Il aura fallu 25 millions d'années à l'Orang-outan pour atteindre les cimes de Bornéo et la sagesse des anciens. C’est après toutes ces années, que nous avons enfin levé les yeux pour constater que nos frères étaient toujours là.

En guise de rédemption, nous tentons maintenant d'organiser la survie de ces grands singes. Est-il trop tard ? Là n'est pas la question. Il faut plutôt se demander quelles sont nos réelles motivations. L'éthique ? Elle n'existe que parce que nous l'avons inventée. L'Orang-outan n'est pas assez développé (ou pas assez con) pour éprouver de la rancune à notre égard et si il savait parler, il descendrait tranquillement de son arbre pour nous dire : "Ça fait un moment que je t'observe de là-haut et tu m'as l'air bien angoissé. Ne te soucie pas pour moi mon vieux frère, j'ai pris le temps de vivre et je n'ai pas peur de qui m'attends. Quant à toi, tu ferais mieux de te reposer..." Après quelques clignements d'yeux silencieux, nous nous débarrasserions de nos pantalons, nos vestes, nos slips et nos emmerdes, puis nous monterions nous asseoir sur une branche de la forêt de Bornéo fumer notre dernier paquet de Gitanes en contemplant le monde aux côtés des Orangs-outans.


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6 commentaires:

  1. Merci Coco pour ce texte :) Sache que je fais partie des grandes adoratrices des grands singes et que je soutiens la lutte pour leur sauvegarde :)

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  2. Ca me donnerait presque envie d'être un orang-outang finalement... :)

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  3. Moi je me vois bien avec un calumet de la paix à poil en haut de l'arbre, à regarder la fin du monde

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  4. mais voilà, l' ourang outan il a besoin de rien sur sa branche d' arbre ; à l' humain il lui faut son paquet de gitanes , il faut donc continuer la médiatation mais l' approche est super, à proposer comme sujet de philo au bac. Mais après quoi donc courent les humains qui meurent sans avoir eu le temps de poser un regard sur leurs vies...

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  5. Tu pars quand ? Tu vas les rejoindre pour ton voyage de noce ?
    STP, sans les gitanes ... mais avec un appareil photo, un ordi, un panneau solaire, une clé USB ... pour nous faire partager ces merveilleux moments de vrai nature ...
    De toute façon, l'homme n'est plus capable de vivre comme les Orangs Outans, et c'est bien triste !

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